The original self is something concrete, measurable, quantifiable... tangible and incarnate !
And I'll find the fucker !

Hôtel Pasteur, Rennes.
Exposition personnelle.

Installation à dimension variable, vidéo projetée, techniques mixtes. Installation immersive comportant vidéo projetée et objets peints, objets façonnés et déchets.
(photos : Malo Legrand)

Vidéo : https://louise-rauschenbach.com/stomach-2.html

A l’occasion de son exposition The original «self» (…) Louise Rauschenbach s’approprie les sous sols de l’ancienne faculté dentaire de rennes, lieu chargé d’un aura inquiétant, où elle déploie sur trois espaces ses installations immersives et numériques.
Chambres noires, néons froids et tuyauterie industrielles fusionnent aux atmosphères sensorielles créées par l’artiste et renforce un des points centraux de ses recherches: le sentiment de se trouver “à l’intérieur de”.

En pénétrant dans la première salle par un boyau de plastique noir, on découvre une construction bancale figurant les vestiges d‘un naufrage dans un espace à l’abandon. Dans ce lieu de confinement un cadre contrôlé permet une projection du “moi” où, dans une démarche quasi-psychanalytique sont utilisés les codes de l’angoisse pour décrire l’exploration d’une démonologie intérieure.

La video projetée Estomac 2 déroule une recherche insoluble face à l’hystérie1 de différents personnages cinématographiques. The original "self" […] emprunte aux récits de ces personnages et se calque aussi sur la vie de l’artiste.
Morcelés dans cette video à la fois document et documentaire, ces histoires retiennent particulièrement notre attention vers l’épicentre des émotions : le ventre. Parmi ces œuvres on retrouve principalement Crash (David Cronenberg), Altered States (Ken Russell), Tetsuo : The Iron Man (Shin'ya Tsukamoto), The Belly of an Architect (Peter Greenaway). Ces images, couplées aux scènes de manufacture des oeuvres de Louise Rauschenbach, engendrent l’histoire d’un univers qui s’est construit autours d’elles et ce qu’elles ont transmis à l’espace total.
Les passages des films Body Horror et d’autres récits philosophiques questionnent la frontière des valeurs morales et corporelles. Ces histoires séquencées en regard de la production plastique offrent une nouvelle subjectivité aux images.

C’est derrière une porte blindée entrouverte que l’on devine le second espace d’exposition.
Une chambre noire désaffectée, un sol de terre battue et une simple chaise à son centre.

À nouveau dans cette salle, l’installation video est projetée sur un mur pelé. La video s’attrape en chemin, bien qu’une sorte de «climax» musical de Hard trap portugaise mette fin à cette boulimie d’informations, sous titres, mélange d’images macabres, comiques, silences, retentissements, rythme saccadé, temps contemplatifs. La moisissure à l’allure de lèpre donne une nouvelle identité aux images de moins en moins lisibles, spectrales où le mouvement de la projection et cette peau finissent par se mêler l’une à l’autre.

1. Névrose aux tableaux cliniques variés, où le conflit psychique s'exprime par des manifestations fonctionnelles
CNRTL. (s. d.). Hystérie.
Consulté en 2022 sur https://cnrtl.fr

Une lumière rose fuite de l’entrebâillement de la salle finale et achève notre recherche.
L’ambiance tient d’un video club érotique, un club clandestin, en référence aux univers des strip club des bidonvilles de Total Recall (Paul Verhoeven) et du porno futuriste I.K.U (Shu Lea Cheang). La pièce baignée d’un rose envahissant donne cette fois le sentiment d’être “à l’intérieur de” plus viscéral.
Un aspect charnel se dégage de l’ensemble des productions de l’artiste: boyaux, monstres, morceaux de corps en céramique, objets sculpturaux peints.
La salle au vibrations claustrophobes, s’apparente à un appartement en sous sol, des images en lambeaux sont transférées sur les murs, le plafond est bas. La déambulation est restreinte par des câbles en metal reliant l’ensemble des objets dans un équilibre précaire.

Il y a quelque chose de l’ordre du refoulement dans ces images, un cauchemar érotique. Comme des informations subliminales, les passages succincts du film Society (Brian Yuzna) vus précédemment dans Estomac 2 préparent à cet imaginaire dérangeant sous les thèmes de l’orgie gore.

Un voile de plastique se déchire enfin et révèle une sorte de radeau échoué éclairé par une simple ampoule ultra violet, des images délavées ont été transférées sur la carcasse: la radiologie d’un cerveau, des virus au microscope et une phrase: “tu es barjo”, signe d’une certaine manière la fin de la visite.

Parcours vidéo de l'exposition "the orignal self"